L'imzad - un instrument à archet à une corde - est une pièce maîtresse de la culture touareg, et fait partie de la vie en Algérie, au Mali et au Niger depuis des siècles.
Pour les Touaregs, l'imzad est plus qu'un instrument : c'est une expression de l'identité et un appel au respect de l'ashak, un code de conduite et des valeurs communes. Comme le dit un dicton touareg traditionnel : "On ne peut rien avoir, mais avec l'imzad, on a l'honneur, le courage et la bravoure."
Dans une société où les hommes occupent généralement l'espace public, les musiciennes d'imzad sont une exception. Seules les femmes jouent de l'imzad et ces musiciennes assument des rôles puissants au sein de la communauté. Cependant, l'art de jouer de l'imzad commençait à s'éteindre. Cette tradition ne se transmettait pas d'une génération à l'autre.
Quand une joueuse d'imzad dit quelque chose, beaucoup de gens respectent ce qu'elle a à dire
- Tamlait Tababekou, musicienne de l'imzad au Niger
En 2016, le Programme de Cohésion Communautaire au Niger (ICNC) a commencé à soutenir la musicienne locale Tamlait Tababekou pour organiser des ateliers d'enseignement où elle a pu transmettre son savoir à 15 jeunes filles à Agadez. Un autre maître d'imzad, Almadinaht Ibrahim, a dirigé un atelier parallèle avec 15 jeunes filles à Gougaram, une petite ville située plus au nord dans le désert du Sahara.
Dans chaque atelier, des femmes âgées de 14 à 30 ans ont appris à fabriquer l'instrument à partir de matériaux locaux - une calebasse, du cuir tanné, du crin de cheval et du bois. Elles ont ensuite décoré l'instrument et appris à en jouer.
Vous souhaitez apprendre à fabriquer un imzad? Consultez cette brochure.
Les femmes jouent ici un rôle clé dans l'éducation des jeunes et la reconnaissance des changements de comportement potentiellement dangereux. Les joueuses d'imzad ont un avantage supplémentaire : elles ont un rôle public influent dans la société et sont considérées comme des agents de changement ayant le pouvoir de faire une réelle différence dans leurs communautés. Pour en savoir plus, consultez cet article Medium de l'USAID.
Nous pensons que la culture et l'identité locales sont des facteurs clés pour rendre une communauté plus résistante à l'idéologie extrémiste. Dans une société conservatrice comme le Niger, les activités culturelles permettent aux femmes d'accéder à un espace public pour faire entendre des messages pertinents d'une manière qui est perçue comme culturellement appropriée
- Marilena Crosato, chargée de la mobilisation communautaire, Bureau régional de l'OIM pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale
Les leçons apprises
L'engagement communautaire
- Recherchez des idées créatives qui sont liées aux besoins de la communauté. La pratique de l'Imzad au Niger était en voie de disparition et en même temps valorisée par la communauté
- Les stratégies d'engagement communautaire fonctionnent mieux lorsqu'elles s'appuient sur des pratiques culturelles existantes et sont mises en œuvre par étapes. Dans le cas présent, il s'agit de fabriquer les imzads, d'apprendre à en jouer, puis d'organiser des événements communautaires et de diffuser des messages. Il est essentiel de prévoir suffisamment de temps pour le développement des compétences techniques.
- Assurez-vous que les participants seront autonomes à la fin du cycle du projet. Dans ce cas, l'élaboration de l'instrument faisait partie de la garantie de durabilité.
- Produisez des outils accessibles pour le partage des connaissances, comme le livret illustré sur la fabrication d'un imzad par un artiste local. Ce livret comprend une bande dessinée sur l'une des histoires traditionnelles expliquant comment cette musique est née. Pour se préparer, l'artiste Sani Djibo a dû assister à l'atelier de fabrication et passer du temps avec la femme qui le dirigeait, en écoutant ses histoires. Les premiers dessins faits à la main ont été partagés avec un joueur d'imzad expérimenté et d'autres intervenants pour obtenir leurs réactions avant d'être finalisés.
Genre
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Les joueurs d'imzad, traditionnellement des femmes, sont très respectés et appréciés en tant que leaders communautaires. Permettre à davantage de jeunes femmes d'apprendre et de pratiquer cette pratique était donc une forme organique d'autonomisation.
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Au Niger, les femmes disposent de peu d'espaces de décision publics au niveau de la communauté; l'art et la culture sont des espaces acceptés où elles peuvent exprimer leurs besoins spécifiques. Les femmes qui ont été formées ont été en mesure de partager des messages de paix ainsi que des messages plus spécifiques liés au genre à travers la musique imzad, tels que des préoccupations concernant la sécurité et l'impact négatif de certains comportements masculins dans la communauté.
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La transmission des connaissances culturelles traditionnelles peut renforcer les liens intergénérationnels entre les jeunes et les aînés.