Oui à Whatsapp?
Nos téléphones, qu’on le veuille ou non, ils font désormais partie intégrante de nos vies. En plus d’être notre lien avec nos proches, ils nous servent d’appareils photo, de réveils et de portails généraux vers le monde extérieur. Les smartphones représentent de plus en plus un outil important de collecte de données. Cela devient particulièrement vrai dans le contexte de restrictions soudaines des contacts, comme la pandémie de COVID-19.
Deux milliards de personnes, soit plus d’un quart des humains sur la planète, utilisent WhatsApp chaque mois. Il s’agit de l’application de messagerie la plus populaire au monde, mais son utilisation comme outil de collecte de données n’a été explorée que récemment. L’outil d’enquête “à l’ancienne” est une enquête auto-administrée, papier-crayon. Pourtant les enquêtes en ligne plus rapides et moins chères existent depuis un certain temps. Mais outre le coût et la couverture, les enquêtes WhatsApp offrent des avantages supplémentaires dans les pays à faible revenu. Les messages ne consomment pas trop de données et les notes vocales sont populaires dans les pays où les taux d’alphabétisation sont faibles et la connexion Internet peu fiable.
A l’OIM, nous avons exploité le potentiel des smartphones en tant qu’outil d’enquête pour les chercheurs en migration qui souhaitent étudier les comportements migratoires transfrontaliers. Les migrants sont évidemment en mouvement, ce qui complique la logistique des enquêtes traditionnelles en face à face et augmente fortement les coûts. On pourrait penser qu’en changeant de pays, les gens changent de numéro de téléphone, mais nous sommes nombreux à ne pas changer nos numéros de téléphone liés à des applications comme WhatsApp lorsque nous déménageons, ce qui fait de WhatsApp un moyen utile d’enquêter sur les migrants.
Une chose qui n’a pas encore été clairement établie est l’efficacité des enquêtes téléphoniques, en général, et dans la recherche sur la migration en particulier. Le Centre mondial d’analyse des données sur la migration (GMDAC) de l’OIM a donc collaboré avec l’unité Médias, communications et sensibilisation en Afrique de l’Ouest et du Centre pour lancer une étude de terrain au Sénégal et en Guinée qui s’est déroulée entre 2020 et 2021. Cette étude visait à combler le manque de données probantes sur les enquêtes téléphoniques utilisant WhatsApp, notamment dans un contexte de mobilité géographique.
Dans cette étude de terrain, nous avons comparé les taux de réponse entre WhatsApp et les modes de réponse vocale interactive (RVI), en utilisant un échantillon de 8446 contacts au Sénégal et en Guinée. Ce faisant, nous avons cherché à répondre à trois questions principales:
1. WhatsApp est-il plus efficace en termes de non-réponse unitaire que les modes d’enquête RVI dans le contexte des enquêtes téléphoniques de suivi dans les pays à faible revenu ?
2. Comment WhatsApp et RVI se comparent-ils en termes de coût-efficacité (c’est-à-dire les coûts unitaires relatifs pour les enquêtes complétées dans l’enquête de suivi) ?
3. Les différents modes d’enquête introduisent-ils différents biais de sélection dans la participation à l’enquête par rapport à l’échantillon de base?
Qu’avons-nous constaté ?
- Tout d’abord, tout le monde ne souhaite pas participer à des enquêtes téléphoniques. Les modes d’enquête WhatsApp et RVI donnent tous deux des taux de réponse modestes (6 à 20% selon les pays), de sorte que l’incitation à la participation pourrait être une bonne idée.
- En général, les personnes ont moins participé aux enquêtes WhatsApp qu’aux enquêtes RVI : près de 8% de personnes en moins ont participé aux enquêtes WhatsApp.
- D’un autre côté, les coûts des enquêtes WhatsApp étaient nettement inférieurs, ce qui signifie qu’il était possible d’en administrer davantage pour le même coût.
- De plus, parmi les enquêtes commencées, les taux d’achèvement étaient plus élevés pour WhatsApp, et nous n’avons constaté aucune différence dans le biais de sélection de l’échantillon lié à l’âge, au sexe ou au niveau d’éducation, par rapport au système RVI.
- Les résultats sont mitigés entre les pays, WhatsApp étant moins performant en Guinée.
Le document complet, intitulé “Effectiveness of WhatsApp for Measuring Migration in Follow-Up Phone Surveys. Lessons from a Mode Experiment in Two Low-Income Countries during COVID-19 Contact Restrictions“, a été publié en anglais en juillet 2022 dans la Social Science Computer Review.
Étant donné la nouveauté de la recherche sur l’utilisation de WhatsApp pour les enquêtes liées à la migration, nous espérons que les résultats de cette étude contribueront à informer les recherches et les programmes futurs.
Avez-vous l’expérience de l’utilisation de WhatsApp comme outil d’enquête ? Cela a-t-il suscité des idées dans votre travail de sensibilisation ? N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse MCARteam@iom.int.
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